Miel et commerce équitable

Jusqu'à l'utilisation de la canne à sucre puis de la betterave, le miel a constitué la principale source de sucre concentré. S'il a aujourd'hui perdu cette fonction, il reste un aliment apprécié pour ses qualités gustatives, nutritionnelles et thérapeutiques.

La production mondiale, environ 1,5 million de tonnes par an, est principalement assurée par la Chine, les pays de l'Europe de l'Est, les Etats-Unis et l’Union européenne.

La France, premier producteur européen, est un importateur net de miel : la consommation est près de deux fois supérieure à la production nationale.

Pour de nombreuses familles d'apiculteurs en Afrique, en Asie et en Amérique latine, le miel est une production annexe importante. De nombreuses opérations sont nécessaires pour produire du miel et son prélèvement reste une tâche artisanale. La vente de leur miel – en plus de la production d'autres produits agricoles– leur permet d'améliorer leurs revenus.

Toutefois, ces familles sont souvent tributaires d'intermédiaires qui ne leur paient qu'une faible part de la véritable valeur marchande.

« Au Mexique, la production de miel est une activité traditionnelle perpétuée depuis des milliers d’années par les indiens Mayas. La légende dit même que les pyramides Mayas ont été bâties grâce à un mélange de terre et de miel, un mythe qui confère à ce produit une valeur sacrée. En plus de sa valeur culturelle, l’apiculture joue un rôle important pour l’économie paysanne et la biodiversité de la région, l’abeille étant le principal pollinisateur des plantes. L’abeille est vitale pour la production de miel, mais aussi pour la production d’aliments. »

Miguel Angel Munguia, président de la CLAC et directeur de la coopérative EDUCE, Yucatan, Mexique

Le miel labellisé Fairtrade/Max Havelaar représente aujourd’hui moins de 0,5% du miel exporté dans le monde. Cette production concerne toutefois plus de 7 000 producteurs membres de 34 coopératives certifiées dans le monde et représente environ 7000 tonnes (chiffres 2015).

Une diversité de miels

Chaque fleur donne au miel des arômes uniques et il existe donc une diversité infinie de miels. Certains miels sont dits monofloraux, c’est-à-dire qu’ils proviennent principalement du nectar d’une espèce de fleur (au moins 50%) ; c’est le cas par exemple du miel de lavande ou de romarin en France, du miel de longanier en Thaïlande, du miel de café au Mexique, au Brésil ou en Ethiopie, et du miel d’Ulmo au Chili.

1. État des lieux de la filière miel

Les apiculteurs ont un faible pouvoir de négociation
  • Les apiculteurs des pays en développement sont le plus souvent des paysans sans terre qui posent leurs ruches dans les champs de producteurs voisins ou des agriculteurs possédant de petites surfaces et considérant l’apiculture comme une activité secondaire. Ils vivent souvent dans des régions isolées, ce qui augmente leurs coûts de transport et limite le nombre d'acheteurs potentiels avec lesquels ils peuvent négocier. Dans le même temps, ils manquent souvent d'un bon accès aux informations concernant les prix saisonniers et régionaux du miel. 
  • Le miel contrefait pose un problème croissant : les produits contrefaits ou falsifiés de qualité médiocre sont considérés comme du miel pur ou à origine unique, entraînant une baisse des prix pour les producteurs honnêtes.
Une faible rémunération

Le miel est produit presque partout dans le monde. Le marché mondial du miel a été en proie à une lutte des prix âpre qui a fait baisser énormément les prix, si bien que le revenu des apiculteurs ne leur suffisait plus pour vivre.

Un accès difficile au marché mondial

Des exigences strictes en matière de santé et de qualité sur les marchés d'exportation potentiels peuvent créer des barrières à l'entrée. De nombreux apiculteurs ruraux manquent d'informations et d'équipements pour s'y conformer (contrôle du taux d’humidité, du vieillissement du miel, conditions de stockage et de conservation…). 

Le défi du changement climatique

Les conditions météorologiques imprévisibles et extrêmes empêchent les apiculteurs et leurs abeilles de déterminer avec précision les cycles de récolte et de reproduction. Des changements soudains de température peuvent réduire considérablement les populations d'abeilles et le rendement en miel.

Les abeilles menacées
  • Contrairement à ce qui se passe en Europe ou aux États-Unis, l’apiculture en Amérique du Sud est encore peu touchée par les problèmes de forte mortalité des abeilles liée à l’utilisation des pesticides. Mais l’introduction des OGM est une menace.
  • Le changement climatique influe sur la production du miel. Par temps de sécheresse ou lors de fortes pluies, les abeilles sont perturbées et produisent moins de miel.
  • Au niveau international, l'utilisation généralisée de pesticides menace les populations d'abeilles et suscite de vives inquiétudes quant à la sécurité alimentaire future. Les apiculteurs peuvent jouer un rôle clé pour aider les abeilles à survivre et à prospérer. 

2. Comment le commerce équitable Fairtrade/Max Havelaar soutient-il les apiculteurs ?

Le commerce équitable Fairtrade/Max Havelaar repose sur un socle de règles qui doivent être respectées par les acheteurs et dans toutes les coopératives et plantations qui sont certifiées : le cahier des charges. Ce dernier représente un véritable cadre pour une production durable.

« L’apiculture est un moyen précieux pour de nombreuses familles rurales avec très peu de terres cultivables de trouver un revenu d’appoint pour leur existence. »

Miguel Angel Munguia, président de la CLAC et directeur de la coopérative EDUCE, Yucatan, Mexique

Une meilleure rémunération

Un prix minimum garanti d’achat permet aux producteurs de gérer leur budget et d’avoir une visibilité à moyen et long terme.

  • Ce prix vise à couvrir les coûts moyens liés à la production durable de leurs biens et constitue un filet de sécurité lorsque les prix du marché baissent. 
  • Les producteurs peuvent obtenir le prix du marché lorsque celui-ci est supérieur et peuvent toujours négocier pour obtenir davantage.
  • Il dépend de la qualité du miel (A ou B, sachant que le miel équitable importé en France est exclusivement de la qualité A) et du caractère bio ou non. Le prix minimum garanti oscille ainsi entre 2,30 et 2,95 USD/kg (prix FOB) et la prime de développement est de 0,20 USD/kg.

Vous pouvez consulter le prix minimum et la prime de développement sur le site de Fairtrade International.

Une prime de développement pour des projets locaux

La prime de développement Fairtrade/Max Havelaar est une somme supplémentaire versée en plus du prix de vente que les apiculteurs investissent dans les projets collectifs économiques, sociaux et environnementaux de leur choix. 

  • Ils décident ensemble comment l’utiliser pour atteindre leurs objectifs, pour des projets liés à la production, notamment l’amélioration de la qualité via des investissements dans des infrastructures de stockage et de transport, ou de santé et d’éducation pour leur communauté.

La préservation de l’environnement et l’encouragement de l’agriculture bio

Le respect de l’environnement est un pilier essentiel du commerce équitable : des critères environnementaux stricts sont à respecter pour les producteurs dans les cahiers des charges :

  • L’interdiction des OGM
  • La préservation des ressources naturelles
  • Le respect des écosystèmes (sols, eau, biodiversité)
  • L’interdiction des produits chimiques dangereux
  • Une incitation à la conversion bio via notamment un prix différencié pour le miel bio. De nombreux apiculteurs ont également utilisé la prime de développement pour passer à la culture biologique.

En outre, les producteurs peuvent recevoir des formations pour adopter des pratiques agricoles durables et mieux s’adapter au dérèglement du climat.

L’autonomie et la gestion démocratique des coopératives de producteurs

  • A plus long terme, le commerce équitable Fairtrade/Max Havelaar aide les organisations de producteurs et les producteurs eux-mêmes à faire face aux instabilités du marché en leur permettant un meilleur accès aux financements, la construction de relations solides avec les acheteurs et une amélioration des conditions contractuelles.
  • Il favorise l’organisation des producteurs en coopératives fortes et structurées, fonctionnant de façon transparente et démocratique.

COPIASURO, coopérative d’apiculteurs au Guatemala

« Les fluctuations climatiques ont des conséquences graves pour la production du miel. D’une part elles dérèglent les cycles de floraison, et d’autre part elles provoquent la prolifération des ravageurs et des maladies des abeilles, phénomènes à l’origine d’une hausse de leur mortalité. » témoigne Álvaro Almengor, représentant de la coopérative d’apiculteurs COPIASURO

Copiasuro est une coopérative d’apiculteurs, située au Sud-Ouest du Guatemala. Elle est certifiée Fairtrade/Max Havelaar depuis 1994. Ses 250 apiculteurs, grâce à la prime de développement qu’ils perçoivent pour les ventes de leur miel aux conditions du commerce équitable, s’organisent pour réduire leur impact environnemental.

Ils ont mis en place :

  • Un  programme de reboisement avec des arbres spécialement sélectionnés pour leur fort potentiel mellifère (c’est-à-dire stimulant la production de miel),  ainsi que des bois précieux favorisant la diversification de la flore. Il s’agit de stimuler la production des abeilles.
  • Des formations des techniciens apicoles afin d’atténuer les risques du changement climatiques.
  • La participation des producteurs au sein des comités nationaux apicoles pour diffuser les bonnes pratiques agricoles.

COASBA, coopérative d’apiculteurs au Chili

La coopérative apicole de Santa Barbara (COASBA) est née de l’union d’apiculteurs de la région de BioBío qui ne parvenaient pas à vivre décemment de leur activité apicole. Au départ, les familles pratiquaient l’apiculture comme activité connexe ; la plupart était sans terre et devait louer une parcelle pour y installer leurs ruches.

A présent, la production de miel et de propolis sont les principales sources de revenu et COASBA peut être fière de produire un miel aux qualités sanitaires et organoleptiques parmi les meilleures du Chili.

  • La coopérative a investi dans la formation de ses membres, à travers des outils de conseils et des formations visant à plus de professionnalisation.
  • La coopérative est membre du réseau national des apiculteurs du Chili et peut être fière de ses standards sanitaires techniques. Au niveau national, les produits de la coopérative jouissent d’une réputation grandissante.
  • Les apiculteurs de la coopérative produisent leur miel de façon naturelle, en minimisant l’utilisation d’intrants par respect pour leur environnement. Pour eux l’apiculture est une activité écologique avant tout, et ils se disent déterminés à participer activement à la protection de la diversité de la flore de la vallée de BioBío.

Les coopératives de producteurs certifiées Fairtrade/Max Havelaar 

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